Les partisans du Canadien de Montréal ont également adoré cette soirée, puisque leur équipe avait, avec le 15e choix au total, sélectionné un jeune homme dont le talent sortait par les oreilles, un certain Cole Caufield.
La sélection de Caufield à un rang aussi tardif en avait surpris plus d'un. Pourtant, l'avis ne semble pas être le même auprès des recruteurs qui oeuvraient sur ce repêchage.
Pour approfondir sur la question, l'équipe de RDS a pris le temps de sonder quelques-uns de ces recruteurs, et la majorité de ceux-ci affirment qu'au moment du repêchage, la glissade de Caufield n'avait pas été si surprenante que cela.
Un encan exceptionnel
Comme nous l'avons déjà mentionné, ce repêchage en était un d'exception. La qualité des joueurs disponibles, et particulièrement ceux issus du programme de développement américain, a rendu cet encan très imprévisible, à l'image de la sélection du défenseur Moritz Seider au 6e rang, par les Red Wings de Détroit, qui était plus que surprenante à l'époque, même si elle est aujourd'hui justifiée.
Le cas Caufield, lui, est devenu des plus intéressants à partir du 9e rang de l'encan, avec lequel les Ducks d'Anaheim ont pris le coéquipier de Caufield, Trevor Zegras. À partir de ce moment, il était très difficile de prédire ce qui allait arriver entre le 10e et le 15e rang.
« Oui, son gabarit lui a fait mal au repêchage et il a chuté, mais c'était une très bonne cuvée. S'il avait été deux ans plus jeune et qu'il devait être repêché dans la cuvée de 2021 qui n'est pas aussi forte, il serait assurément dans le top-5 », a tenu à rappeler un recruteur d'expérience dont le nom est tenu confidentiel.
Avec le choix suivant, le 10e, les Canucks ont choisi l'ailier russe Vasili Podkolzin, et les Coyotes de l'Arizona ont ensuite eux aussi décidé de se tourner vers l'Europe en rajoutant le défenseur Victor Soderstrom à leur banque d'espoirs.
La tension commençait alors à monter à la table du Canadien, selon les recruteurs présents sur place, Caufield étant encore disponible. L'agent du jeune homme, Pat Brisson, était lui aussi surpris, lui qui, dans les jours précédents, s'était également étonné du fait que Marc Bergevin ait soupé avec Caufield, alors que Brisson était convaincu que son protégé allait être pris bien avant
S'en est suivie une vague de joueurs américains, avec d'abord la sélection de Matt Boldy par le Wild du Minnesota, puis du gardien Spencer Knight, par les Panthers de la Floride. Avec le 14e choix, maintenant, les Flyers de Philadelphie ont tenté leur chance avec le défenseur Cam York, ce qui a laissé le champ libre au Canadien pour sélectionner Caufield.
« Les Flyers ont eu peur avec la grosseur. Personnellement, je l'avais haut sur ma liste personnelle, dans le top-10 », a confié un dépisteur contacté.
« Il y avait beaucoup de bons joueurs dans son équipe. Ils étaient nombreux à produire. Quand ça arrive, c'est parfois difficile de tous les classer dans le bon ordre », a admis un deuxième dépisteur pour nous aider à débroussailler ce qui s'est passé.
Ces raisons expliqueraient donc, selon lui, le rang de sélection de Caufield, qui n'était alors qu'un très bon joueur au sein d'une cuvée extrêmement relevée.
« C'est vraiment basé sur le portrait qu'on avait à notre disposition. Présentement, Caufield est au coeur de l'action et c'est beau de voir ce qu'il fait. Il patine si facilement et il marque des buts. Aujourd'hui, les gens se disent "Oh, mais pourquoi ils ne l'ont pas pris plus tôt?". Il y a une raison, c'est parce qu'il y avait d'autres très bons joueurs. Peut-être qu'ils n'atteindront jamais son niveau, mais ça s'expliquait », a noté cet intervenant.
En date d'aujourd'hui, toutefois, plusieurs directeurs généraux doivent se mordre les doigts en espérant que leurs propres sélections progressent autant que Caufield l'a fait depuis son repêchage.
Une progression impressionnante depuis le mondial junior
Pour finir, un dernier recruteur s'est exprimé sur la progression du jeu de celui qui est de plus en plus souvent surnommé Goal Caufield. Cet expert rappelle que la nouvelle coqueluche du CH s'est particulièrement améliorée dans les derniers mois qui ont précédé ses débuts dans la Ligue nationale.
« Plusieurs de ses parties au Championnat mondial junior étaient bien normales. De ce que j'ai vu de lui au niveau universitaire, il donnait l'impression que ce serait compliqué de jouer à ses côtés. Il fallait que tout passe par lui. S'il ne comptait pas, tu voyais qu'il se mettait bien de la pression. Mais tout ça a changé vraiment après Noël. Des fois, il y a une prise de conscience qui s'opère », a-t-il décrit.
« Je voyais ses buts en avantage numérique et son lancer typique en angle, mais il ne jouait pas comme il le fait maintenant », a ajouté cette source.
Le recruteur en question a aussi pris le temps de vanter le but qu'a marqué Cole Caufield contre le gardien Robin Lehner, des Golden Knights, il y a peu de temps. Ce jeu demande, selon lui, une excellente anticipation et surtout, un talent plus haut que la normale.
« Juste son petit jeu sur ce but pour se donner plus de marge de manoeuvre, c'est de l'anticipation, du sens du hockey et un geste action-réaction à un niveau élite. Tu ne peux pas lui donner plus qu'une note parfaite. Probablement que ce côté de son jeu a été sous-évalué. »
Finalement, celui-ci encense également la capacité d'adaptation de Caufield, qui est, selon lui, meilleur plus le niveau de compétition est élevé.
« C'est une autre chose qui est difficile à évaluer pour nous. Plus le niveau est fort, meilleur il devient. C'est un gros plus », a convenu ce recruteur.
Source : RDS