En effet, à l'été 2009, peu de temps avant le début du camp d'entraînement des Capitals, José Théodore et sa femme Stéphanie Cloutier ont vécu le pire drame possible. Le couple a dû faire le deuil de son fils, Chace, décédé à l'âge de seulement deux mois.
Malgré tout, Théodore avait réussi à amorcer la campagne et avait même connu l'une de ses meilleures saisons en carrière, conservant une fiche de 30-7-7, une moyenne de buts alloués 2.81 et un taux d'efficacité de .911. Ces performances, réalisées dans des conditions tragiques, lui avaient alors valu l'obtention du Trophée Bill-Masterton, remis au joueur de la LNH ayant démontré le plus de persévérance et d'esprit d'équipe.
« Lorsque tu es jeune, ce n'est pas un trophée que tu souhaites gagner parce que ça signifie souvent que tu as dû traverser une épreuve difficile. J'ai toujours respecté les joueurs qui ont gagné le trophée avant moi parce qu'ils ont tous fait preuve de beaucoup de caractère. C'est aussi valorisant que n'importe quel autre trophée, sauf que lorsque tu es jeune, ce n'est pas un trophée que tu veux gagner », a expliqué Théodore. « Je ne pensais pas vraiment gagner ce trophée lorsque je jouais à Washington. Ce fut un concours de circonstances. Lors de l'été 2009, je passais mes journées à l'hôpital et je ne m'étais pas trop entraîné. Je n'avais pas vraiment la tête au hockey, mais la réalité, c'est que j'avais tout de même des responsabilités. J'avais un gros contrat avec les Capitals et j'étais leur gardien de but numéro un. Je voulais tout de même être en mesure de connaître une bonne saison parce que personne n'allait avoir de pitié pour moi. Si tu ne performes pas, tu ne joues plus dans la Ligue nationale. »
C'est donc cette mentalité qui avait permis à l'ancien cerbère du CH de se rapporter au camp d'entraînement des Capitals et d'éventuellement mettre la main sur le trophée le moins convoité de la Ligue nationale de hockey. Celui-ci a d'ailleurs avoué que le fait d'être constamment à l'aréna et de jouer au hockey lui avait permis de se changer les idées et ainsi faire le deuil de son fils.
« Je me suis servi de l'aréna comme un genre de sanctuaire. En temps normal, j'arrivais une heure avant l'entraînement et je revenais à la maison par la suite. Lors de cette saison, puisque j'étais plus seul et que je ne parlais pas à beaucoup de gens, j'arrivais à l'aréna deux ou trois heures avant l'entraînement. J'allais dans la salle d'entraînement et je regardais des vidéos. Ce fut un genre de sanctuaire qui m'a permis d'oublier tous mes problèmes à l'extérieur du hockey. Je me concentrais sur le hockey et ça m'aidait à oublier la réalité », a mentionné Théodore. « Lorsque j'ai su que j'étais en nomination pour le trophée Masterton, j'étais content, mais je dirais que j'étais plus fier de ce que j'avais réussi à accomplir malgré une situation qui était vraiment difficile. Je ne suis pas le genre de gars qui veut se faire prendre en pitié alors je gardais ça vraiment privé. Je ne parlais pas trop de ce qui s'était passé. Ce fut une saison très difficile, mais de pouvoir dire que j'ai gagné le Masterton, c'est comme une façon pour moi de me rappeler des moins beaux moments. »
Lorsqu'un drame familial est survenu en 2009, José Théodore a choisi de canaliser ses énergies sur la glace, avec les Capitals de Washington.#GoHabsGo | @scotiabank https://t.co/XYo62xpYNY— Canadiens Montréal (@CanadiensMTL) April 19, 2021
Outre ce sujet, l'ancien récipiendaire des trophées Hart et Vezina en 2002 a profité de son passage au Salon des anciens pour aborder une anecdote un peu plus cocasse.
En effet, rares sont ceux qui ont oublié la célébration d'Alex Ovechkin, lorsqu'il était devenu le premier joueur de l'histoire des Capitals à marquer 50 buts ou plus lors de trois saisons consécutives. Celui-ci avait alors fait rire le monde du hockey en faisant semblant que son bâton avait pris en feu.
Ce que peu de gens savent cependant, c'est que José Théodore est l'homme à l'origine de cette célébration légendaire du Russe, avec qui il avait évolué de 2008 à 2010 avec les Capitals.
« On était sorti souper à Tampa la veille de ce match. On était avec Nicklas Backstrom et Mike Green. Ovechkin nous avait dit: « Si je marque demain, il faut que je fasse quelque chose de cool. Qu'est-ce que je pourrais faire? » Je lui avais dit sur un coup de tête: « Lorsque tu vas marquer, tu feras signe à tous tes coéquipiers de venir te rejoindre, tu mettras ton bâton sur la glace et tu te réchaufferas les mains, comme si ton bâton était en feu ». Si l'on regarde la reprise, il fait signe aux gars, mais il n'y a personne qui va le voir. », a dit Théodore en riant. « À la suite de sa célébration, je l'ai souvent taquiné parce que je lui avais montré de se frotter les mains pour montrer que son bâton était en feu, mais on dirait plutôt qu'il a voulu se prendre pour Beethoven et jouer du piano. Je lui avais dit: « Je te lève mon chapeau, tu n'as pas eu peur de le faire, mais ce n'était pas ça que je voulais que tu fasses ».
Voici d'ailleurs la célébration en question:
Bref, nous pouvons sans aucun doute affirmer que cette saison 2009-10 restera comme l'une des plus marquantes du cerbère québécois.